Nous aimerions partager quelques unes de nos réflexions pour éclairer le thème de cette première soirée « Accompagner les enfants autrement« .
Vous vous dites peut-être : « Je veux du positif ! Je veux des solutions, pas passer une soirée à me morfondre sur les difficultés d’être parent / éducateur ! »
Nous aussi, nous souhaitons lors de cette soirée sortir des discours pessimistes sur la jeunesse et sur la société. On trouve des lamentations de cette nature sur des tablettes babyloniennes, des papyrus égyptiens, c’est-à-dire datant de plusieurs milliers d’années avant notre ère ! Mais cette question prend un autre sens si on l’aborde sous l’angle de nos expériences subjectives particulières, plutôt qu’à travers la recherche d’explications objectives, générales : qu’est-ce qui est difficile pour moi, et pourquoi ?
Nous l’avouons : si notre relation avec les enfants était faite de bonheur et d’harmonie à chaque instant, nous ne proposerions pas des soirées pour en parler… A la rigueur, nous pourrions publier un livre pour venir en aide aux pauvres parents en détresse… Avez-vous déjà lu ce genre de manuel dans lequel un expert patenté vous explique ce que vous devriez faire pour devenir un parent performant et sans stress ? La promesse est alléchante, elle suscite l’espoir, l’auteur affiche une assurance sans faille, des exemples édifiants. Mais une fois le livre refermé, des enfants bien vivants réapparaissent, et alors on déchante. Si le résultat est de se culpabiliser et de se dévaloriser en tant que parent, par rapport à une norme qui semble inatteignable, alors peut-on encore parler de « solutions » ?
Reconnaître ses difficultés, chercher à leur donner du sens, ce n’est pas désespérant. Au contraire, s’accepter comme une personne imparfaite, qui fait de son mieux avec ce qu’elle est et les circonstances du moment, cela peut même être puissamment libérateur ! Nous ne nous cachons pas derrière un masque de professionnels de l’éducation et de la psychologie pour conserver une position de supériorité. Oui, même après de longues études et un doctorat en sciences humaines (Thomas), même après des centaines d’heures en formation de psychothérapeute centrée sur la personne et une longue expérience d’accompagnement des enfants (Fleur), il serait vain de prétendre que nous maîtrisons ce processus déconcertant du développement d’un enfant.
Oui, c’est difficile, mais c’est passionnant !
Notre intention lors de cette soirée est avant tout de favoriser la rencontre et le partage, pour permettre à chacun-e de découvrir qu’il ou elle n’est pas seul-e à rencontrer des difficultés ; pour faire l’expérience du soutien apporté par un groupe où l’on est écouté de façon bienveillante.
« Il faut tout un village pour élever un enfant. »
proverbe africain