L’approche centrée sur la personne

Nous présentons ici deux personnes dont le travail nous inspire beaucoup : le fondateur de l’approche centrée sur la personne, Carl Rogers, ainsi que sa fille Natalie, qui a enrichi les recherches de son père d’un travail sur l’expression multimodale : mouvement, dessin, écriture, collage, jeu…

Carl R. Rogers

« A mes yeux, l’expérience est l’autorité suprême. Ma propre expérience est la pierre de touche de toute validité. Aucune idée, qu’il s’agisse de celles d’un autre ou des miennes propres, n’a le même caractère d’autorité que mon expérience. C’est à elle que je dois revenir sans cesse, pour m’approcher de plus en plus de la vérité qui se développe graduellement en moi. »
« Le Développement de la Personne », 1961.

Carl Rogers est le fondateur de la Psychothérapie Centrée sur la Personne, et son nom est lié à l’Approche Centrée sur la Personne, terme qui englobe l’ensemble de sa pensée tant au niveau thérapeutique que dans le domaine socioculturel et éducatif.

Né en 1902 et décédé en 1987, Carl Rogers a été le psychologue le plus influent de l’histoire américaine. Il a apporté une contribution majeure dans des domaines aussi divers que l’éducation, le councelling, la psychothérapie, la paix et la résolution des conflits. Fondateur parmi d’autres de la psychologie humaniste, il a profondément influencé le monde au travers de sa présence empathique, de sa recherche rigoureuse et de la publication de 16 livres et de plus de 200 articles.
Les lecteurs francophones peuvent consulter les ouvrages suivants : « La relation d’aide et la psychothérapie », 1942 ; « Psychothérapie et relations humaines », 1959 ; « Le développement de la personne », 1961 ; Son autobiographie, 1967 ; « Liberté pour apprendre ? », 1969 ; « Les groupes de rencontre », 1970 ; « Réinventer le couple », 1972 ; « Un manifeste personnaliste », 1977.

Par son travail de psychothérapeute et de chercheur, il a apporté la démonstration des conditions permettant une communication ouverte et la possibilité pour les personnes d’accomplir leur plein potentiel. Il a développé la psychothérapie centrée sur la personne, qui reconnaît que « chaque personne a en elle des capacités considérables de se comprendre, de changer l’idée qu’elle a d’elle-même, de changer ses attitudes de base et de trouver un comportement autonome. Elle peut puiser dans ses ressources pourvu que lui soit assuré un climat d’attitudes facilitatrices que l’on peut déterminer. » (1942)

Il a consacré sa dernière décennie à appliquer ses théories aux conflits sociaux et à voyager à travers le monde : en Irlande, il a permis la rencontre entre protestants et catholiques ; en Afrique du Sud, entre noirs et blancs ; aux États-Unis entre les usagers et les responsables en matière de santé. Son dernier voyage, à l’âge de 85 ans, l’a amené en Union Soviétique. Carl Rogers fut un modèle de compassion et d’idéal démocratique tant dans sa propre vie que de par son travail comme enseignant, auteur et thérapeute. Peu avant sa mort, il avait été nominé pour le prix Nobel de la paix.

Biographie

Carl Rogers naît à Chicago en 1902, dans une famille marquée par une atmosphère religieuse et par le culte du travail. Il est le 4ème d’une fratrie de 6 enfants. En 1919, passionné d’agronomie, il s’inscrit à l’université du Wisconsin ; après un congrès d’étudiants bénévoles, il décide de devenir Pasteur et abandonne l’agronomie pour l’étude de l’histoire. Au milieu de sa troisième année d’université, il est désigné avec 9 autres étudiants américains pour représenter son pays à un congrès de la fédération mondiale des étudiants chrétiens à Pékin. Ce dépaysement dure 6 mois et cette expérience va marquer de façon indélébile Carl Rogers.

En 1926, il passe son doctorat de psychologie clinique et dès 1931 mène un travail important auprès d’enfants marginaux et délinquants du Centre de guidance de Rochester.

En 1940, il publie « The clinical treatment of the problem child » et accepte une chaire de professeur à l’université d’Ohio.

C’est pendant cette période qu’il met en doute l’efficacité thérapeutique des méthodes d’entretiens directives, ainsi que de la psychanalyse. C’est aussi à cette période que Rogers observe que la capacité de l’individu à se développer nécessite un contexte environnemental positif.

Pendant 4 ans il affine ses observations, et en 1941 il élabore sa propre méthode de psychothérapie « centrée sur le client », et basé sur une théorie de la personnalité et publie son livre  »Counselling and Psychotherapy ».

Cette approche est donc dans son essence une manière d’être qui s’exprime à travers des attitudes et des comportements créateurs d’un climat propice à l’épanouissement. L’Approche Centrée sur la Personne est une philosophie qui :

  • aide celui qui la vit dans le développement de ses capacités personnelles ;
  • suscite chez les autres des changements positifs.

En 1969, il publie « Freedom to learn », fruit de nombreuses années de recherches et de réflexion sur l’éducation (traduit en français en 1984). « Liberté pour apprendre » ouvre des perspectives pour repenser profondément l’enseignement, à partir de l’analyse d’expériences concrètes.

L’objectif final de Rogers est la personne fonctionnant pleinement, dans la plénitude de des potentialités de son organisme.

Natalie Rogers

Née en 1928, Natalie Rogers est psychologue, psychothérapeute, facilitatrice de groupe, artiste, mère de trois filles et quatre fois grand-mère. Elle a fondé le Person-Centered Expressive Therapy Institute en 1984, qui est devenu le Person-Centered Expressive Arts Associates en 2005 et y a développé un programme certifiant en collaboration avec l’Université de Saybrook.

A la suite de son père, Carl Rogers, dont la philosophie fonde son propre travail, elle pratique depuis 30 ans la psychothérapie dans l’approche centrée sur la personne qu’elle a enrichi de ce qu’elle a nommé la Creative Connection® et qui fait la part belle à la créativité sous toutes ses formes : méditation, mouvement, arts visuels, écriture, voix, musique, jeu, mise en scène… Cette approche est utilisée dans des domaines aussi divers que la communication, le développement personnel, l’enseignement, le management, le councelling et la psychothérapie. Natalie Rogers s’intéresse particulièrement à la dimension interculturelle et a eu l’occasion d’intervenir en Europe, au Japon, en Russie ainsi qu’en Amérique Latine.

Elle a publié trois livres :

Le premier, « Emerging Woman : A Decade of Midlife Transitions », paru en 1980, témoigne de sa redécouverte de son « être femme » et de la libération qui en a découlé.

Le second, « The Creative Connection : Expressive Arts as Healing », paru en 1993, présente la théorie qui sous-tend sa recherche de psychothérapeute centrée sur la personne, ses applications pratiques auprès des clients, ainsi que son témoignage personnel.

Son troisième livre, « The Creative Connection for Groups : Person-Centered Expressive Art for Healing and Social Change » est sorti en 2012, alors qu’elle a fêté ses 83 ans, et discute de l’application de la Creative Connection au travail avec les groupes.