Si l’on observe un nouveau-né ou un enfant qui apprend à marcher, on voit à l’œuvre la tendance innée à se développer qui existe chez les êtres humains. Cela ne s’arrête que si le milieu social entrave ce processus, et que l’enfant parvient à se conformer à ce qu’on attend de lui : par exemple rester assis et obéir aux consignes des adultes. Alors il faut mettre en place des mécanismes pour le « motiver ».
A la Croisée des Chemins, ils passent leurs journées au contact d’autres enfants et d’adultes de différents âges. C’est une forte source d’émulation : les jeunes un peu plus âgés sont plus compétents, ils savent plus de choses, et les enfants ont envie de devenir comme eux. Ceux qui sont plus jeunes demandent de l’aide, et en partageant ce qu’ils savent avec eux, cela leur permet d’en devenir plus conscients et donc de se valoriser.
La mixité des âges limite en même temps la compétition, la comparaison des enfants entre eux qui existe dans une classe d’âge homogène : ainsi, beaucoup d’élèves arrêtent de faire des efforts parce qu’ils croient être nuls dans tel ou tel domaine.
Nous pouvons retourner la question : est-ce que les élèves apprennent véritablement ce qu’on leur enseigne, si cela n’a pas déjà une signification et un intérêt dans leur représentation du monde ? Nous en doutons.
C’est pourquoi nous préférons faire confiance dans leur curiosité et les accompagner en fonction de leurs centres d’intérêts, de leurs questions. En devenant des apprenants autonomes, ils pourront continuer à acquérir des connaissances tout au long de leur vie, avec plaisir.
Il est aussi important de se souvenir que le système scolaire actuel a été créé à une époque où les moyens de transport et de communication étaient très limités : aujourd’hui, le problème n’est pas la difficulté d’accès aux savoirs mais la surabondance des informations dont il s’agit d’apprendre à faire un usage intelligent.
La grande différence, c’est la responsabilité qu’acceptent nos étudiants de ce qu’ils font de leur temps à l’école. L’équipe n’est pas là pour les « occuper ». S’ils jouent, ce n’est pas de la distraction, c’est le fruit de leur créativité. S’ils s’ennuient, ils peuvent prendre le temps de réfléchir à ce qu’ils aimeraient faire, ils peuvent en parler avec des adultes qui les écouteront sans jugement. S’ils ont une idée, ils peuvent en parler et être accompagnés dans la définition de leur projet… ils peuvent demander de l’aide, mais les adultes ne vont pas faire les choses à leur place.
Le résultat, c’est l’autonomie : plutôt que de les ‘nourrir’ de notre enseignement, nous préférons leur permettre d’apprendre à ‘pêcher’ ce dont ils ont besoin, jour après jour.
Cette approche « centrée sur la personne » est exigeante pour les membres de l’équipe, qui sont engagés eux-mêmes dans un processus continu d’apprentissage et de perfectionnement en tant que « facilitateurs d’apprentissage ».
Jusqu’à 16 ans, la scolarité étant obligatoire, ils peuvent retourner sans difficultés dans l’école ou dans le collège public de leur secteur. Notre expérience nous montre qu’en général, ils rattrapent vite les lacunes qu’ils peuvent avoir dans certaines matières, s’ils ont un objectif qui les motive à faire ce travail. En tout cas, ils y retournent avec plus de confiance que s’ils y étaient restés, en souffrant d’un environnement scolaire inadapté par rapport à leurs besoins.
Les retours d’expérience des premiers élèves scolarisés à partir de 2014-2015 sont globalement positifs : ils ont pu prendre l’orientation de leur choix et ont de bons résultats.
On peut le comprendre en pensant à des compétences que nous avons acquises de manière informelle, par la pratique, avec du plaisir et en obtenant l’aide dont nous avions besoin : c’est une manière d’apprendre plus efficace, lorsqu’on l’a choisie.
Un certain nombre d’enfants arrivent à La Croisée des Chemins après avoir été diagnostiqués avec ce type de particularités ou de troubles et s’y sentent très bien. Mais nous ne voulons pas généraliser à partir d’une étiquette, car pour nous chaque enfant est différent, nous l’accueillons comme une personne. C’est pourquoi nous proposons des périodes de découverte permettant de faire l’expérience et de mesurer si cela convient à tous (l’enfant, ses parents, l’équipe et les étudiants déjà présents).
Les enfants arrivés tôt dans leur scolarité s’adaptent très rapidement et s’y développent avec aisance. Des jeunes plus âgés peuvent avoir besoin de plusieurs mois, voire plusieurs années, pour restaurer leur confiance en eux suite à des difficultés vécues à l’école et/ou dans le cadre familial.
Nous avons constaté des améliorations spectaculaires en quelques mois auprès de jeunes en souffrance au collège (parfois à la suite de harcèlement), qui avaient dû être déscolarisés (phobie scolaire).
Nos locaux sont adaptés pour les enfants en fauteuil roulant. Nous avons accueilli une étudiante dans ce cas pendant 3 ans.
Par ailleurs, nous ne sommes pas un établissement d’éducation spécialisée et les parents restent en charge d’apporter à leurs enfants l’accompagnement utile auprès de professionnels de santé. Des aménagements de l’emploi du temps peuvent être mis en place pour tenir compte des besoins particuliers de votre enfant.
A ce jour, les difficultés d’inclusion dans notre école ont concerné :
- des enfants ne bénéficiant pas du soutien et de la confiance de leurs 2 parents pour cette scolarité ;
- des enfants n’ayant pas la maturité affective suffisante pour assumer leur autonomie dans l’école (ayant besoin d’un adulte disponible pour eux en permanence) ;
- des enfants dont la souffrance psychologique se manifeste de façon récurrente par des comportements violents envers les autres et/ou eux-mêmes ;
- des enfants ayant un retard de développement du langage oral (la parole étant indispensable pour participer à la vie collective de l’école).
Pour information, notre école ne peut bénéficier du dispositif des AVS (assistants de vie scolaire), réservé à l’Éducation Nationale.
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